Découvrir la Mongolie a toujours été numéro un sur la liste de mes impératifs. En 2004, enfin, ce rêve a été réalisé.
Mais voyager en Mongolie, comme je le souhaite, c'est-à-dire vivre avec les nomades mongols, complètement, pleinement et en itinérance, comme eux, à travers toundras et steppes, demande une préparation.
Je n’avais alors aucune notion équestre. Avec mon époux, nous nous sommes donnés un an pour apprendre l’équitation. C’est alors que l’on est tombé tous deux amoureux de Lavande, une jument que l’on a adoptée jusqu’à la fin de ses jours, mais c’est une autre histoire.
Au bout d’un an, du fait sans doute de son sang slave, mon époux maitrisait parfaitement l’équitation en plein air et moi, je collais à la selle sans trop de souci. Nous décidâmes de partir pour Ulan Baator.
Encore jeunes et soifs d’aventure, nous décidâmes de nous passer de guide et avions tracé notre propre itinéraire sur la carte, de l’Ouest vers le Sud Est de la Mongolie. Ne parlant pas mongol, nous avons alors engagé un interprète, Berska. Nous avons aussi engagé un « horseman » qui nous mis à disposition une monture pour chacun ainsi qu’une bonne jument de bât.
Le team
Nous commençons donc notre itinéraire de la région du Khovskhol, au lac de Khadkhal, réputé pour les éleveurs de rennes.
Au camps « touristique » de la ville, quelques yourtes bien confortables étaient mises à disposition des rares touristes qui séjournaient à Khadkhal.
Lorsque je m’enquis de la salle de bain, on sortit un bac muni d’un robinet que l’on mit au milieu de la cour (hein ? intimité ? quelle intimité ?)… le bac était vide. A mon époux, on lui remit une charrette tirée par une vache et la direction du lac lui était indiquée du bout de l’index… eh oui, cela voulait dire : « Tiens, vas donc chercher de l’eau pour ta femme. » Ce qu’il fit sans rechigner… c’est un bon époux.
Notre premier jour de périple fut folklorique : nous n’allâmes pas bien loin… En effet, notre cheval de bât était robuste et docile, son seul défaut résidait dans le fait qu’il n’avait jamais porté de bât auparavant.
Lorsqu’il reçu sa charge, et dès qu’il fut lâché, il détala vers l’horizon sabots volants ! Il a fallu quelques heures pour le ramener. Après quoi, nous avons pu commencer notre voyage de … quelques kilomètres.
Là encore, lors d’un arrêt « pipi », mon cheval à moi m’a bousculée alors que j’étais accroupie, pour prendre la poudre d’escampette. Il a fallu encore quelques heures avant de le retrouver, rênes arrachées et dans un piteux état. Notre premier jour s’arrêta là, pour cause de rodéo.
de retour avec le cheval échappé
De plus, les chevaux étant demi sauvages pour pouvoir se défendre contre les loups la nuit, il nous a pris trois jours avant de pouvoir les amadouer et établir une saine communication entre monture et cavalier. J’avoue qu’après ça, nos chevaux ne nous quittaient plus, même rênes lâchées. En effet, n’étant pas habitués aux caresses ni aux gestes d’attention, ils n’en revenaient pas d’en recevoir autant de notre part : Ils nous collaient alors comme des pots de miel.
Les jours qui suivirent nous virent aguerris dans l’art de vivre dans la steppe. Enfants des steppes puisque nous étions à cheval, toutes les yourtes nous étaient ouvertes… Il nous a fallu apprendre le code protocole pour entrer dans une yourte, celui pour battre l’airak, le lait de jument fermenté, celui de la façon de monter son cheval, de l’entretenir, celui de s’approcher d’une zone habitée, celui d’échanger la tabatière lors des rencontres, etc… Le respect de ces protocoles nous ouvrit le cœur et la bienveillance mongole.
Nous avons alors découvert un peuple fier, infiniment généreux et attentionné vis-à-vis de son prochain, libre et… n’utilisant que très très peu l’argent. Ils vivent essentiellement du troc et leur nomadisme très organisé tisse un réseau d’échange impressionnant. L'art de vivre mongol n'a pas tant changé depuis Gengis Khan : Tous les matins, le mongol scrute l'horizon à la recherche de son troupeaux de chevaux.
Lorsque je leur demandais pourquoi ne pas mettre des barrières pour maintenir le troupeau la nuit, la réponse que j'ai reçue ne m'avait guère étonnée : "D'abord, mettre des barrières en terre blesse la terre. Puis, les chevaux ont besoin de courir libre. Si ils ne sont plus libres dans leurs steppes, alors, ce ne seraient plus des chevaux mais du simple bétail.
Nos journées commençaient par choisir la direction du voyage, car il n’y a pas de route. Repérer sur la carte ou par renseignement les points d’eau pour les chevaux…. Puis, 25 à 30 kms par jour de chevauchée, en espérant trouver une yourte ou deux pour notre bivouac de nuit. Si aucune yourte n’était trouvée, alors, nous posions le bivouac en pleine nature, avec sa flore et surtout… sa faune. Le « horseman » dormait toujours dehors avec ses chevaux, en cas de présence de loup. D’où l’intérêt du « dell », ce grand manteau croisé que l’on voit aussi au Tibet. C’est le garde manger, la couche, la salle de bain (la steppe est plate et on voit loin, très loin, il n’est pas question de se cacher derrière un buisson), la tente, etc…
Mais je vais finir ici mon texte d’introduction, pour vous laisser savourer les photos, prises avec un vieux Nikon FE2 argentique, qui servit pour la dernière fois sur nos voyages.
votre tiloupsa, loin dans la steppe
la fabrication du fromage
lonesome cowboy
votre tiloupsa à la course avec Berska
traversée de rivière
jeu d'eau
*la selle mongole en bois et recouverte de feutre, qui nous a portés pendant plus de 17 jours de chevauchée consécutifs, aie aie *
les enfants mongols
la fameuse course du Nadam (les chevaux à "couette" sont les étalons)
les adultes mongols, fiers de leur cheval d'acier
réunion de course
Partageons le lait de notre bonheur ! (car dans la steppe, point de fruit)
Merci pour votre attention et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Wahou ! Sacré expérience de vie et sacrés paysages !!
C'est magnifique !
Merci Whentone pour la visite !
Quel magnifique voyage, j'ai adoré votre récit, un vrai voyage de découverte. Très belle photos également.
Merci Terresco pour votre attention ! prochain voyage : le tibet... où j'ai vécu 4 mois avec les tibétains.
Génial, je ne le raterai pas !
Holala quelle aventure ! C'est vraiment magnifique, merci de partager tout cela c'est étonnant. C'est une impression ou les chevaux mongols sont relativement petits ? Ils sont beaux c'est un fait ^^
Oui, les chevaux mongols viennent du prjevalski, un cheval des steppes. Petits mais très réactifs, ils sont l'équivalent du cheval de polo : en effet, en plein galop crinière fouetté au vent, il peuvent faire des écarts de 45 degré brutalement pour éviter un trou de marmotte qu'il a vu à la dernière minute alors que vous.... PAS ! on a intérêt à s'accrocher. Têtus mais infiniment attachants, ce sont des chevaux qui sont interdits à l'exportation : la Mongolie veut à juste raison préserver son exclusivité !
Ah ! Oui, d'accord, merci beaucoup pour l'information je comprends bien qu'ils ne soient pas exportés d'autant qu'ils semblent vraiment respecter la vie animale et la nature.
Super histoire et quelle vie !!
Allez, je me lance à la lecture des articles précédents !
Bonne journée à toi
Carodebali
Merci Caro ! je vais tâcher désormais de poster en français et en anglais. Double travail mais double plaisir (non, je ne fais pas de pub pour Mc Do, là ;-))
Aahah , je peux lire l'Anglais aussi !! Mais c'est vrai qu'en postant dans les deux langues tu touches plus de personnes
tu peux venir avec nous sur #littlefish : tag français pour des articles de qualités, ça te concerne ;-)
wowww magnifique !!! Une expérience enrichissante et inoubliable , j'ai adoré , merciiiiiiiiii ;))))))))
merci Natou d'être passée ! J'ai aimé vous emmener en voyage alors !
avec grand plaisir ;))))))))))
quelle aventure ! merci pour ce partage ! les photos sont superbes !
Merci Tchigina pour ton attention et enthousiasme ! Par contre, même si cela me fait très plaisir, ne vote pas les vieux posts : je n'y gagne pas grand' chose et toi, tu perds ton pouvoir de vote quotidien qui se quantifie en pourcentage. Ne t'inquiète pas, ce pouvoir de vote se regénère petit à petit... mais en clair, en voter que les posts qui ont moins ou égal à 7 jours... ;-)
Merci tiloupsa pour tous ces bons conseils !